En partenariat avec l’Office national des forêts (ONF), elle donne des concerts sous les arbres partout en France pour sensibiliser son public à l’importance de protéger les forêts. L’opération “Le silence de la forêt” permet de financer la réhabilitation d’une forêt en Essonne.

Au premier abord, cela peu paraître un peu paradoxal puisqu’il n’y a pas d’écho dans les forêts. Mais voilà, la forêt est la source d’inspiration numéro un de la violoncelliste Olivia Gay, et elle a décidé de lui rendre hommage. D’abord en faisant d’elle le sujet principal de son dernier album sorti en septembre, Whisper me a tree (“Murmure-moi un arbre”), dans lequel toutes les pièces interprétées ont un lien avec les bois. Mais l’an dernier, en voyant les incendies se multiplier partout dans le monde, elle a voulu faire plus. “J’habite en lisière de forêt, je m’y promène chaque jour, et après avoir terminé l’enregistrement de l’album, je me suis posée la question : qu’est-ce que je pourrais bien faire pour aller plus loin ? Comment je peux agir ?“, explique la jeune femme.

Elle a donc contacté l’Office national des forêts (ONF) et, au fil des discussions, un partenariat est né : Olivia Gay s’engage à jouer dans les bois et à lever ainsi des fonds pour entretenir les sites malmenés par le dérèglement climatique, les incendies, les parasites. L’opération s’appelle “Le silence de la forêt”, clin d’œil à l’œuvre du même nom composée par Antonin Dvorak. Les gains servent à financer la réhabilitation de la forêt d’Echarcon, dans l’Essonne, où les arbres sont sérieusement touchés par la maladie de l’encre, un champignon qui tue les châtaigniers et les chênes.

Le premier concert a eu lieu le 19 juin, à Fontainebleau et, depuis, entre deux salles de concerts, Olivia Gay joue régulièrement au cœur des bois, accompagnée par la pianiste Celia Oneto Bensaid, sur une petite scène spécialement conçue pour l’exercice, mobile, dépliable, pouvant accueillir un piano à queue. Au total, elles en sont à une demi-douzaine de concerts en comptant celui prévu à Belfort le week-end du 1er et 2 octobre dans la forêt du Mont. “Si la météo s’y prête, confie-t-elle, sinon, on trouvera une solution de repli dans une salle, mais ça n’aura plus rien à voir.”

Effectivement, elle explique que dans la forêt, l’acoustique est totalement différente, plus brute, authentique, loin de celle “plus flatteuse” de la Philharmonie de Paris, mais où l’on entend les instruments tels qu’ils sont. Des instruments qui, d’ailleurs, sont fait de bois : le violoncelle sur lequel joue Olivia Gay est en épicéa et en érable, façonné en 1733 et vieux, donc, de 289 ans. Cela qui peut sembler beaucoup à l’échelle humaine, mais pour certains arbres, c’est un âge parfaitement atteignable, si on laisse grandir les forêts, si on les protège, si on les préserve. Et si on apporte juste ce qu’il faut de beauté pour les accompagner.