Quelque 200 jeunes isolés occupent une école désaffectée du XVIe arrondissement de Paris depuis mardi soir. Ils sont accompagnés par l’association Utopia 56 qui réclame leur prise en charge immédiate dans des structures adaptées.

Dans la cour de récréation de l’école désaffectée depuis quatre ans, une dizaine de jeunes improvisent une partie de foot sous le soleil printanier. La plupart sont originaires d’Afrique de l’Ouest et centrale : ils racontent les mêmes récits, souvent dramatiques : “Traverser une mer, c’est l’histoire la plus difficile qu’on vit, car on risque nos vies !”, explique l’un d’entre eux. Leur arrivée en Europe, la vie d’errance et de misère en France, mais aussi leurs espoirs gelés pour l’instant. “On est venus ici pour continuer nos études et pour travailler”, indique un autre.

Nikolaï Posner, coordinateur à l’association Utopia 56, est à l’origine de cette occupation : “On est avec 200 jeunes étrangers, isolés, qui sont aujourd’hui dans une situation de rue, c’est-à-dire qu’ils sont confrontés quotidiennement à la violence, au froid, à la peur et à la solitude.”

“Ce qu’on essaye de faire, c’est de faire respecter leurs droits”, ajoute Nikolaï Posner. “Leur droit à un hébergement, à un accompagnement, et pour ça malheureusement, il faut passer par ce type d’action.”

“Tant qu’une solution ne sera pas trouvée, on restera là”

Le bâtiment désaffecté n’est pas aménagé pour accueillir ces 200 jeunes. “Malheureusement, on n’a que le minimum vital en termes de matériel”, détaille Nikolaï Posner. “On distribue des couvertures, de quoi prendre un petit déjeuner, mais il n’y a pas d’arrivée d’eau, donc on a dû construire nos propres toilettes sèches.” Au sol, des couvertures et des matelas de fortune servent de lits improvisés.

Dans l’une des salles de classe abandonnées, des bénévoles de Médecins sans Frontières et Médecins du Monde font des consultations. Beaucoup de ces exilés ont besoin d’une prise en charge urgente, s’alarme Paul Alauzy, coordinateur du programme auprès des exilés à Paris pour Médecins du Monde. “Si vous passez trois semaines sous une tente, vous serez dénutris, fatigués. Vous souffrirez de problèmes dermatologiques dus à la promiscuité”, développe-t-il.

“Si ces jeunes étaient ukrainiens, ils seraient aujourd’hui dans un centre d’hébergement à la Porte de la Villette, et ils seraient plus rapidement orientés vers un logement à plus long terme quelque part sur le territoire français.”

Paul Alauzy, chargé de mission pour Médecins du Monde

“Il y a une vraie différence de traitement qu’on dénonce haut et fort”, s’indigne Paul Alauzy, chargé de mission pour Médecins du Monde. Beaucoup de ces jeunes ont entamé des démarches administratives pour régulariser leur situation, certains attendent un rendez-vous avec un juge des enfants. “Tant qu’une solution ne sera pas trouvée, on restera là”, affirme Nikolaï Posner. “Donc on espère que les choses avanceront rapidement !” Sollicitée par franceinfo, la préfecture d’Île de France n’a pas donné suite.