Avec Ben Whishaw prêtant à nouveau sa voix à l’adorable ours, Olivia Colman et Antonio Banderas rejoignent l’aventure aux côtés d’Emily Mortimer, qui prend le rôle de Mme Brown, aux côtés de Hugh Bonneville et Julie Walters, fidèles au poste.

Parler de troisièmes volets dans les franchises cinématographiques évoque souvent des sentiments partagés, car rares sont ceux qui surpassent leurs prédécesseurs. Certaines exceptions comme Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban ou Toy Story 3 parviennent à élever le niveau, mais ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Paddington au Pérou suscite ainsi une douce nostalgie, rappelant cette déception que l’on ressent quand on devine que les cadeaux de fin d’année seront un peu moins étincelants cette fois-ci. Pourtant, ce nouvel opus n’a pas à rougir : il regorge de charmes, mêlant décors spectaculaires, une intrigue d’aventure accessible aux plus jeunes, et une performance irrésistible d’Olivia Colman dans le rôle d’une religieuse au sourire malicieux et aux chansons surprenantes.

Cependant, Paddington au Pérou doit relever le défi difficile de succéder à deux films quasi parfaits, Paddington (2014) et Paddington 2 (2017). Ces deux premiers volets, réalisés par Paul King, avaient su ressusciter un personnage littéraire adoré mais quelque peu oublié, créé par Michael Bond en 1958. Ils ont honoré les racines britanniques du personnage tout en célébrant la diversité culturelle de Londres, une ville cosmopolite et ouverte aux immigrants de toutes origines, même lorsqu’il s’agit d’un jeune ours venant du Pérou. Mais depuis, King s’est tourné vers d’autres projets, notamment la réinvention de Wonka, et la réalisation de ce troisième volet a été confiée à Dougal Wilson, un réalisateur britannique réputé pour ses publicités de Noël pour le grand magasin John Lewis, dont celle célèbre avec le chien sur le trampoline.

Si Paddington au Pérou manque peut-être de l’humour absurde et des nuances légèrement sombres qui ont fait la renommée des deux premiers films, il reste néanmoins à la hauteur, malgré certaines limitations. Avec son expérience en publicité, Wilson sait sans doute comment préserver l’essence de la marque, même en s’éloignant légèrement de la formule originale. Ce nouvel opus nécessite en effet que notre héros au pelage soigné quitte les couleurs pastel de Windsor Gardens pour retourner dans son Pérou natal. Accompagné par sa famille adoptive, les Brown, l’ours se retrouve dans une situation de « poissons hors de l’eau », ce qui ajoute une dimension exotique à l’aventure. Ce changement de décor, s’il réduit l’ambiance “thé et scones”, semble néanmoins offrir un attrait particulier pour les spectateurs d’Amérique latine.

Après un prologue émouvant qui retrace l’enfance de Paddington, expliquant comment son goût prononcé pour les agrumes l’a conduit loin de sa famille, l’histoire présente un Paddington désormais adulte, vivant en Angleterre. Il reçoit alors une lettre de la Révérende Mère (interprétée par Colman), qui dirige la maison de retraite pour ours âgés au Pérou. Elle lui confie que tante Lucy (doublée par Imelda Staunton) paraît troublée et semble ressentir cruellement l’absence de Paddington. Ayant récemment obtenu son passeport britannique, le jeune ours, sensible à la culpabilité, décide de rendre visite à sa tante. Mary Brown (Emily Mortimer, apportant une nouvelle énergie au rôle autrefois interprété par Sally Hawkins) convainc toute la famille de se joindre à lui dans cette aventure, y compris Mme Bird (Julie Walters), la gouvernante fidèle et un peu bourrue.

Ce troisième volet de Paddington reste une aventure charmante, portée par une équipe talentueuse et par des paysages péruviens majestueux, même s’il lui manque un peu de la magie qui avait fait la réussite de ses prédécesseurs.